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CHEZ MOI,

MON JARDIN...

ARTS DE JARDIN EN SOL MINEUR

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LES HABITANTS PASSAGERS 2018

POUR LIRE LE JOURNAL DE LA RESIDENCE CLIQUER ICI

(Publié en septembre 2018)

Faire germer des lieux de vies

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A partir d'avril 2018, le collectif GRAPHITES est accueilli pour une résidence de 6 mois.

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Être en résidence, c’est être les habitants passagers d’un territoire, s’immerger pleinement dans la vie des cités et construire un lien particulier avec les habitants, les usagers, les acteurs. La démarche générale que nous imaginons pour faire germer ce lien se nourrit d’une exploration ludique et active.

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Un jardin est un espace particulier.

 

Il est à la fois privé, intime (on cherche parfois à se protéger des regards), ouvert sur l’extérieur tout en étant clos. Utilitaire, nourricier, d’agrément, parfois laissé en jachère, lieu de repos... Pour nous, un jardin est une source d’inspiration, un souvenir d’enfance, une expérience, une invitation au regard et à la contemplation, à observer les couleurs, les formes. Un espace où les fleurs se préparent à éclore et où les légumes poussent en silence. 

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Le jardin est un lieu de vie dont nous souhaitons révéler les qualités, en invitant les habitants à nous rejoindre dans une démarche de recherche-action.

« CHEZ MOI, MON JARDIN... »

 

Etre en résidence sur un territoire, c'est pour nous, arpenter les rues et partir à la rencontre des habitants. A chaque personne rencontrée au hasard d'une rue, dans un jardin, ou devant une porte, nous engageons la conversation et lui offrons une petite enveloppe en papier qui contient trois graines de tournesol. Ce cadeau est un premier geste bienveillant, un prétexte pour ouvrir la discussion sur leur lieu de vie, leur jardin. Ces tournesols, nous espérons les voir grandir dans les jardins des habitants rencontrés. Pour garder le contact, nous avons placé dans l'enveloppe une courte explication de la raison de notre présence dans la cité et l'adresse du blog créé pour l'occasion comme journal de bord pour la résidence.

 

Ce premier échange est l'occasion de proposer à l'habitant de compléter le poème : « Chez moi, mon jardin... ». Il nous ouvre alors les portes de son jardin, ce qui est souvent l'occasion d'un échange autour d'une visite parsemé d'anecdotes.

 

Le poème complété est alors révélateur du rapport que la personne entretient avec son jardin. Puis, nous invitons l'habitant à prendre une photo de son jardin. Il porte alors un regard conscient et choisi sur son espace de vie. Cette récolte de témoignages fait prendre conscience que chaque jardin est lié à une histoire personnelle.

 

Certains en sont fièrs,

Certains le trouvent beau,

Certains pensent qu'ils n'en ont pas,

Certains y font pousser des légumes,

Certains y font pousser des fleurs,

Certains pensent que le jardin, ce n'est pas vraiment chez eux,

Chez certains, le jardin est une dalle,

Chez certains, c'est un lieu de convivialité,

Chez certains, c'est un lieu de décharge,

Chez certains, c'est l'espace des enfants,

Chez certains, c'est l'espace bricolage,

Chez certains, on ne peut plus y aller,

Chez certains, il y a des séparations,

Chez certains, le jardin est pour les animaux,

Pour certains, c'est trop de temps à y consacrer,

Pour certains, c'est toute leur vie,

Pour certains, c'est un enjeu pour l'avenir de la cité,

Pour certains, il faut qu'il ait une âme,

 

« Chez moi, mon jardin... » interroge la notion d'habiter.

 

En effet, nous n'habitons pas uniquement dans une maison, nous habitons également dans le jardin... Chacun habite son jardin à sa manière, différemment. Parfois le jardin est laissé à l'abandon, parfois il participe au concours du plus beau jardin, parfois on y plante des légumes, des figuiers, des fleurs... Parfois il est habité par des jouets d'enfants, des trampolines, des toboggans... Souvent, un chien monte la garde, protégeant les légumes et le linge qui sèche en silence...

Les témoignages que nous récoltons, sont autant de manières d'habiter un jardin.

 

A chaque événement, tout le long de la résidence, nous exposons ces témoignages, afin qu'ils soient lus, regardés par les habitants des cités et d'ailleurs, pour questionner, intriguer, interroger chacun sur sa propre façon d'habiter son jardin.

LES JARDINS QUI PARLENT

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Au grè de nos découvertes et de nos rencontres avec le territoire, nous avons voulu surprendre les habitants dans leur environnement quotidien. Munies de «bouquets de lettres», nous plantons, depuis le début de la résidence, des messages, des mots, des petites phrases qui interpellent. Au coin d'une rue, au bord d'un jardin, sur un terrain abandonné, dans une jardinière...

Ces messages sont issus de nos réflexions, de nos rencontres et racontent le jardin. Par ces gestes éphémères, nous voulons que l'habitant pose un regard curieux et poétique sur ce qu'il l'entoure.

 

Ces bouquets de lettres nous accompagnent aussi lors de balades organisées dans les cités du 3-15 et les 3 cités. Ces balades, ouvertes à tous, s'articulent entre des arrêts sur le patrimoine et l'histoire des cités, et des arrêts-performances, sous forme de « témoignages plantés ».

Les gens découvrent alors au fil des messages, les témoignages que nous avons recueillis par le biais de « Chez moi, mon jardin... ». Les témoignages d'habitants du 3-15 peuvent alors se retrouver sur les 3 cités (et inversement).

 

La fin de la balade se conclut par une plantation collective de mots et de messages où tous les participants sont invités à compléter à leur tour le poème. Le promeneur devient alors acteur, s'interroge sur son jardin, et laisse une trace éphémère dans la cité, afin que son témoignage soit lu par la suite par d'autres personnes dans le but d'éveiller la curiosité.

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Par cette action, alliée à un apport historique et patrimonial, nous voulons mettre les jardins au centre des attentions et revaloriser leur appropriation.

UNE MAISON, UN JARDIN

 

La cité du 3-15 et le quartier des 3 cités ont chacune leur identité, mais elles ont un point commun : chaque maison est associée à un jardin (ou pourrait-on dire, chaque jardin est associé à une maison ?... ). À l'époque de l'exploitation minière, le jardin faisait partie intégrante du quotidien de la famille. Il faisait l'objet de règles et il y avait une obligation de l'entretenir. Derrière cette obligation, on y voit des enjeux sanitaires, de contrôle du temps libre des mineurs, mais également un vecteur de sociabilité (pour faire très court...).

 

Ces jardins participent à l'identité des cités, d'autant que la plupart d'entre eux sont en front à rue. Ainsi, lorsqu'on sillonne les rues des cités, nous pouvons apercevoir la manière dont les habitants se les approprient. Par ailleurs, il est aussi plus simple pour nous de rentrer en contact avec les personnes : un regard échangé, une enveloppe offerte et la discussion s’entame ! Cette vue sur les jardins pose tout de même la question de l'intimité. En réaction, il y a beaucoup de jardins avec des palissades : les gens se créent un cocon, à l'abris des regards. La perspective que l'on a depuis la rue sur les jardins en enfilade, se voit interrompue plus ou moins ponctuellement par des éléments hauts et opaques. Ainsi, le mode d'appropriation des jardins par les habitants influe sur l'ambiance urbaine du quartier.

 

Le jardin est donc très fortement lié à la notion de limite : la limite entre l'espace où je vis et l'espace public ou celui du voisin. Nous avons remarqué que chacun envisage différemment ces limites et qu'elles sont parfois assez peu marquées physiquement.

Parallèlement, qu'est-ce qui fait que je me sens chez moi, dans mon jardin ?

Faut-il percevoir une limite pour se sentir chez soi ?

 

Il nous semble que, plus qu'une question de limite, se sentir chez soi, dans son jardin, passe tout d'abord par une appropriation de l'espace. Une distinction de chez moi, chez toi. Peux être est-ce par ce j'ai aménagé mon «chez moi» avec du mobilier ? Peut-être que mon jardin est toujours joyeux et passant, peut-être que j'ai personnalisé mon jardin avec des objets que j'aime, des fleurs que je trouve belles, des herbes qui serviront pour les petits plats.. peut-être que chez moi, c'est simplement là où j'arrête de tondre la pelouse, peut-être que «chez moi, mon jardin...» il est unique parce que c'est tout simplement le mien, et qu'il me ressemble...

DES OBJETS POÉTIQUES DANS LES CITÉS

 

Courant juillet débute le temps de la fabrication !

 

«Chez moi, mon jardin... » se détourne en objet poétique dans les villes, les jardins et les espaces publics...

 

Dans un premier temps, nous construisons une installation appropriable dans l'espace public de chaque cité, comme une première invitation à faire-ensemble et expérimenter ensemble. Afin d'éveiller la curiosité des passants, nous fabriquons directement dans l'espace public, avec un atelier mobile, organisé spécialement pour la résidence. Dans chacune des cités, l'installation se trouve a proximité d'un lieu qui est également synonyme de faire ensemble et qui s'emploie à partager au plus grand nombre. Pour la cité du 3-15, l'installation se situe à proximité du jardin partagé et d'association AMJP3 (très active sur la cité). Pour les 3 cités, l'installation prend place à côté du centre social maison des 3 cités, qui propose de nombreuses activités aux habitants.

 

Ensuite, nous imaginons de petites installations inspirées des témoignages implantées et fabriquées par les habitants dans les jardins des cités. Elles sont une forme d'appropriation des jardins, jouant avec la notion de limite et de l'entre deux. Prenant par exemple la forme d'une jardinière originale posée sur une clôture où chacun pourrait se servir en tomates cerises ou d'une assise détournée à cheval entre deux jardins où des voisins pourraient se retrouver pour discuter. La singularité de leur emplacement est une manière de montrer aux passants l'étendue des possibilités.

 

Par leur forme, leur emplacement, leur usage, ces constructions questionnent l'espace qui les entoure. Elles sont pensées et construites pour des lieux en particulier et avec les habitants des lieux. Qu'elle soit petite ou grande, chaque installation est plantée avec des plantes à partager. Elles sont une invitation au partage, au faire-ensemble et à l'appropriation.

 

Dans chacune de ces installations, un objet inattendu est détourné. Le détournement d'un objet du quotidien est pour nous une manière de revaloriser ce qui n'est plus observé. Une roue de vélo, une théière, un ancien téléphone ou encore des portes de placards ont été glanés dans les cités (qui sont une mine d'or d'objets délaissés).

 

Par ces constructions simples et poétiques, nous voulons exprimer le potentiel des jardins des cités. Qu'il soit grand ou petit, un espace est appropriable et est vecteur de sociabilité. Les installations « Chez moi, mon jardin... » sont pensées comme des petits outils d'aide au changement de perceptions qui permettent d'enclencher de nouvelles appropriations.

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FAIRE ENSEMBLE

 

Nous souhaitons entamer un changement de regard sur les jardins, exprimer leur potentiel, car ils ne sont pas uniquement des histoires de plantations, ils sont des lieux de vie. Nous voulons, par ces installations artistiques, faire germer le petit grain de folie qui est en chacun de nous, s'autoriser à imaginer et à rêver. La démarche consiste alors à accompagner les personnes dans ce processus de création, sensibiliser à la notion du réemploi, parler ensemble de la manière dont ils vivent dans leur jardin, de leur rapport aux limites...

 

Afin de valoriser le savoir-faire de chacun, nous ne fabriquons pas pour les habitants, mais avec eux.

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En parallèle, pour initier les plus jeunes à l'esprit du "faire ensemble", nous mettons en place des ateliers avec les publics scolaires des cités.

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Notamment avec les CE2

pour un atelier "Les briques germées"et

les maternelles pour un atelier "Boules de graines"

de l'école Basly à Sallaumines,

 

ainsi qu'avec les CE2 de l'école France Pasteur

pour un atelier "Les briques germées"

à Mazingarbe.

 

D'autres ateliers sont prévus à la rentrée 2018 ! 

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Le «faire ensemble» est pour nous symbole d’une contemporanéité qui vise à créer le lien entre les personnes, et entre les espaces qu’ils occupent. Faire ensemble, être ensemble, bouscule l'idée du chacun chez soi.

 

Il serait alors heureux d'imaginer une installation qui soit chez plusieurs personnes à la fois...

Une création collective et participative, moteur de rencontres !

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La résidence-mission d’artistes :

« ARTS DE JARDINS EN SOL MINEUR - LES HABITANTS PASSAGERS 2018 »

est pilotée dans le cadre du dispositif Pays d’art et d’histoire par la Communauté d’Agglomération de Lens-Liévin

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avec l’appui de ses partenaires :

Mission Bassin Minier,

Direction Régionale des Affaires Culturelles Hauts-de-France,

Villes de Mazingarbe, Méricourt et Sallaumines,

Maisons et Cités,

Euralens,

Education Nationale,

Conseil Départemental du Pas-de-Calais,

Région Hauts-de-France,

Préfecture du Pas-de-Calais.

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